Lek Chailert, la femme qui murmurait à l’oreille des éléphants de Thaïlande
Je vous ai souvent parlé de l’Elephant Nature Park de Chiang Mai notamment dans cette vidéo et vous ai un peu raconté son histoire et celle des éléphants en Thaïlande mais forcément pas de manière aussi détaillée que le documentaire que propose en ce moment Arte sur Lek Chailert, sa fondatrice.
La situation complexe des éléphants en Thaïlande
J’avais essayé, il y a quasiment 2 ans, de dresser un état des lieux de la situation et l’avenir des éléphants et de leur utilisation dans l’industrie touristique dans mon article « Quels changements à venir pour les éléphants du tourisme en Thaïlande ? ».
En 1900, le royaume de Thaïlande recensait environ 300 000 éléphants sauvages et 100 000 captifs. En 2022, il en resterait moins de 7 000, dont près de la moitié sont asservis.
Lek Chailert, une mobilisation à toute épreuve
Lek Chailert, liée aux éléphants depuis l’enfance, a été l’une des premières à tirer la sonnette d’alarme sur l’exploitation des éléphants en Thaïlande et à s’élever contre ses dérives et les séquelles que subissent les pachydermes.
Elle a fondé le Elephant Nature Park en 1995 pour y recueillir des éléphants maltraités et n’a cessé de monter la face cachée de l’industrie, loin de la carte postale bucolique de touristes se baladant à dos d’éléphants. Ce qui lui a longtemps valu haine, harcèlement et même menaces jusqu’à des tentatives de meurtre. Il faut dire que les enjeux financiers sont colossaux !
Par son abnégation, Lek a permis une grande prise de conscience chez les touristes et permis de passer progressivement d’un tourisme à base de balades sur le dos des éléphants et numéros de cirque (éléphants qui peignent, qui dansent, qui jouent au foot…), à un tourisme plus d’observation, de bain avec eux et preparation de leur nourriture. C’est mieux mais ce n’est pas parfait et surtout en coulisses, même s’ils se faisaient maintenant appeler « sanctuaires » les pratiques n’avaient pour beaucoup pas vraiment changé.
Le COVID-19 et les éléphants de Thaïlande
L’effondrement du marché, causé par le COVID-19, a un peu rebattu les cartes. En manque de visiteurs, tous les camps d’éléphants de Thaïlande se sont retrouvés en difficulté financière.
Les propriétaires d’éléphants, au chômage forcé, ne peuvent plus nourrir leurs animaux, ni payer les cornacs qui s’en occupent. Certains camps qui les louaient les ont rendus à leurs propriétaires, souvent bien incapables de s’en occuper. Certains ont préféré abandonner employés et éléphants à leur sort.
Lek Chailert y a vu un moyen d’agir : elle s’est rapprochée des cornacs, qu’elle a décidé d’aider financièrement, tout en commençant à faire évoluer leur manière d’interagir avec les pachydermes. Certains des propriétaires ont même fini par se laisser convaincre d’adopter ses règles. Elle a aussi recueilli à l’Elephant Nature Park les éléphants de certains camps qu’elle a rachetés.
Le documentaire d’Arte
Les documentaristes Jez Lewis et Jocelyn Cammack, en tournage au moment de l’irruption de la pandémie de coronavirus, brossent dans ce documentaire, un état des lieux choquant de la situation des éléphants en voie d’extinction mais aussi le portrait d’une femme de caractère qui, à force de persévérance, fait avancer sa cause contre vents et marées.
Reportage à voir ce soir, mardi 9 août à 20H50 sur Arte ou en replay ici: https://www.arte.tv/fr/videos/085432-000-A/la-femme-qui-murmurait-a-l-oreille-des-elephants/