Tatiana Mocchetti, un autre regard sur la Thaïlande

Tatiana Mocchetti, un autre regard sur la Thaïlande

En ce dimanche, j’ai envie de vous présenter Tatiana Mocchetti, ou plutôt ses photos. Sur Thailandee.com, je partage beaucoup de photos de lieux, de plages, de coins de nature, de quartiers de ville et de monuments, mais le cœur de la Thaïlande, son pouls, son identité, ce sont avant tout ses habitants et sa vie locale. Et si, de temps en temps, je vous les montre aussi, cela n’a rien à voir avec le portfolio de portraits, scènes quotidiennes et moments furtifs capturés par Tatiana. Je vous propose une petite interview pour la connaître un peu mieux et une sélection de quelques-unes de ses photos. Et je vous invite à découvrir le reste sur ses réseaux sociaux (liens en fin d’article).

Peux-tu te présenter en quelques mots ? D’où viens-tu et quel a été ton parcours avant de t’installer à Chiang Mai ?

Je m’appelle Tatiana, j’ai 47 ans et je suis originaire de Lorraine. Avec mon mari, nous avons décidé de quitter notre Moselle natale pour entreprendre à l’étranger.

Avant de venir en Thaïlande, j’étais éducatrice spécialisée en France, où je m’occupais d’enfants placés en maison d’accueil. En quête de nouvelles opportunités, nous avons entrepris un voyage en 2006 pour explorer le pays, parcourant la route de Chiang Mai à Phuket à la recherche de l’endroit idéal pour nous installer et lancer notre société d’export.

Chiang Mai s’est rapidement imposée comme une évidence, notamment pour son artisanat unique et sa richesse culturelle. Nous avons donc décidé de nous y installer en mars 2007.

À notre arrivée à Chiang Mai, nous avons créé notre propre société d’agent export, avant que je décide de me tourner vers un autre domaine en rejoignant un centre d’appels. J’y suis restée 11 ans, en tant que responsable du service clientèle, puis j’ai poursuivi mon parcours dans une start-up pendant deux ans, toujours à un poste de management en relation client.

Comment as-tu découvert la photographie ?

Depuis que je suis petite, j’ai toujours vu mon grand-père et mon père prendre des photos de famille avec leur Canon. Cela m’a donné une relation naturelle avec la photographie. J’ai commencé à prendre des photos moi-même, surtout avec l’apparition des smartphones, dont la qualité photo a considérablement évolué ces dernières années. Il y a trois ans, j’ai reçu un compact numérique en cadeau, mais très vite, j’ai ressenti que ce n’était plus suffisant. En mars 2023, j’ai acheté mon Canon 90D, et là, j’ai eu un vrai déclic.

tatiana mocchetti photographie
© Tatiana Mocchetti

Est-ce une passion de longue date ou une révélation plus récente ?

La photographie est devenue une véritable passion ces deux dernières années. Bien que j’aie toujours été attirée par les images, c’est avec l’achat de mon appareil que cette passion a pris un autre tournant. Les moments que je vis lors de mes sorties photo sont de plus en plus intenses en termes de rencontres et d’échanges. Chaque sortie devient une opportunité de découvrir des histoires uniques, de tisser des liens, et de capter des instants qui résonnent profondément en moi.

© Tatiana Mocchetti

As-tu suivi une formation spécifique en photographie ou as-tu appris en autodidacte ?

Je suis autodidacte. J’ai beaucoup appris grâce à YouTube, qui m’a permis de découvrir des techniques et des astuces. Depuis l’année dernière, j’ai rejoint des groupes de photographes sur Facebook, notamment le groupe “Bangkok Photographers”, et c’est là que j’ai vraiment pu progresser. Le contact avec d’autres photographes, qu’ils soient amateurs ou professionnels, a été incroyablement enrichissant.

Tatianan street photography thailande
© Tatiana Mocchetti

Y a-t-il des photographes qui t’ont influencée ou inspirée ?

Sans hésiter, Réhahn. Je l’ai découvert il y a quelques années lors d’un voyage à Hoi An, au Vietnam, lorsque j’ai visité sa galerie. J’ai été totalement fascinée par son travail, sa manière de capturer les émotions et les histoires humaines à travers ses portraits.

portrait ethnie thailande
© Tatiana Mocchetti

Comment décrirais-tu ton style photographique ?

Mon style photographique se concentre principalement sur les portraits et la street photography. J’aime capturer des moments authentiques, des expressions sincères et des instants de vie, qu’ils soient pris dans des lieux publics ou plus intimes. Chaque image est pour moi une manière de révéler l’histoire d’une personne ou d’un lieu à travers des détails souvent invisibles au premier regard.

photo scène de rue thailande
© Tatiana Mocchetti

Quelles sont tes principales sources d’inspiration lorsque tu prends des photos ?

Ce qui m’inspire profondément ce sont les gens, en particulier les personnes âgées. Leurs yeux, leurs rides, leurs mains racontent tellement d’histoires. Chaque ligne sur leur visage porte un vécu, une émotion, une mémoire. J’aime capturer cette sagesse, cette humanité, souvent négligée, mais si précieuse. Les regards, en particulier, sont pour moi une fenêtre ouverte sur l’âme. À travers un simple échange de regards, je trouve parfois une connexion plus forte que celle des mots. Le regard des enfants est également une source d’inspiration majeure pour moi. Il est pur, sans filtre, et reflète une curiosité et une vérité spontanée que j’adore capturer.

street photography thailande
© Tatiana Mocchetti

Y a-t-il un message ou une émotion que tu cherches à transmettre à travers tes images ?

Je cherche à capturer la simplicité de la vie, un contraste avec la réalité souvent modifiée que l’on retrouve sur les réseaux sociaux et, de plus en plus, avec les images générées par l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, des visages qui n’ont jamais existé apparaissent à l’écran, des scènes sont créées de toutes pièces, et l’émotion elle-même peut être simulée par des algorithmes. Ces avancées sont fascinantes, mais elles soulèvent aussi une question essentielle : que devient l’authenticité dans un monde où l’image peut être totalement fabriquée ?

À travers mes photos, je veux ramener les choses à leur essence, montrer la beauté brute des moments simples et réels. Chaque portrait, chaque scène capturée est le reflet d’un instant qui a existé, d’un regard, d’un échange, d’une émotion véritable. Même si mes images sont retouchées, c’est dans le but d’en révéler la profondeur, de sublimer une atmosphère sans jamais la trahir. Contrairement aux images générées, qui créent une illusion parfaite mais sans vécu, mes photographies témoignent d’une présence, d’une histoire, d’une humanité palpable.

Loin des artifices, mon objectif est de transmettre une émotion sincère, celle qui émane naturellement des visages, des rides, des regards. À une époque où l’on peut façonner un monde visuel entièrement fictif, je ressens plus que jamais le besoin de documenter la réalité, dans toute sa simplicité et sa richesse.

Cyclopousse bangkok
© Tatiana Mocchetti

Comment la vie en Thaïlande inspire-t-elle tes photos ?

La Thaïlande est une source inépuisable d’émerveillement. Des villages reculés aux ports de pêche animés, en passant par ses marchés vibrants et ses festivals colorés, chaque coin du pays offre une richesse d’images à capturer. La diversité des paysages, des visages et des atmosphères nourrit sans cesse mon regard.

Mais au-delà des couleurs et des contrastes, c’est surtout la simplicité du quotidien qui m’inspire. Une vendeuse qui prépare son étal, un pêcheur concentré sur son filet, un moine marchant à l’aube… Ces instants “ordinaires” racontent une histoire, une émotion sincère. Chaque rencontre, même furtive, me permet de capter quelque chose d’authentique, un regard, un geste, un fragment de vie.

Je capture aussi beaucoup de sourires, car après tout, la Thaïlande est le pays du sourire. À travers mes photos, je cherche à retranscrire cette réalité brute, ces moments fugaces qui révèlent toute la richesse humaine et culturelle du pays.

Photographe de rue en thailande
© Tatiana Mocchetti

As-tu une photo prise en Thaïlande qui te tient particulièrement à cœur ? Peux-tu nous raconter son histoire ?

Il y a une photo d’une femme prise au marché Warorot, il y a environ un an, qui me touche profondément. Ce jour-là, elle était assise par terre, entourée de petites choses qu’elle vendait, semblant faire partie d’une des tribus minoritaires de Thaïlande. Je me souviens de l’instant où je me suis approchée d’elle, comme je le fais toujours, pour lui demander la permission de la photographier. En parlant un peu thaï, nous avons échangé quelques mots, un sourire timide, mais quand j’ai levé mon appareil, elle a baissé les yeux. Ce geste m’a frappée, il y avait quelque chose de tellement humain et vulnérable dans son regard. Une fragilité, mais aussi une profondeur que je n’arrivais pas à saisir complètement sur le moment.

photogrape de rue thailande
© Tatiana Mocchetti

Le soir, en éditant la photo, je n’arrêtais pas de repenser à elle. Je me suis demandé quel était son parcours, ce qu’elle avait vécu, et pourquoi son regard semblait porter une telle tristesse et sagesse. Il m’a semblé que sa vie était extrêmement dure, qu’elle vivait dans une pauvreté criante et que chaque jour était une lutte pour survivre. Je pouvais comprendre pourquoi elle semblait triste, pourquoi son regard reflétait un fardeau qu’elle portait sans doute depuis longtemps. Je me suis demandée, si elle en avait encore, quels pouvaient être ses rêves, dans cette existence si éprouvante. C’est comme si, derrière ses yeux, il y avait une histoire entière que je n’avais pas le temps d’entendre. J’ai eu envie de comprendre sa vie, ses luttes, et ses espoirs, si espoirs il y avait. Ce genre d’échange, même aussi fugace soit-il, me rappelle pourquoi je fais de la photographie. C’est pour ces instants où, à travers une simple rencontre, on capte une vérité, une émotion qui va au-delà des mots.

Quels sont tes projets à venir, aussi bien en photographie qu’à titre personnel ?

Récemment, j’ai pris la décision de me concentrer entièrement sur ma passion : la photographie. Ce choix me permet de m’épanouir dans un domaine qui me touche profondément, et je suis impatiente d’explorer de nouvelles opportunités. En ce moment, je prépare une exposition à Bangkok avec le groupe “Bangkok Photographers”, une belle occasion de partager mes images avec une communauté de passionnés et de professionnels. Ensuite, du 14 au 22 juin, j’aurai l’honneur de présenter une sélection de mes photos à l’Alliance Française de Chiang Mai. Ce sera une première étape importante dans mon parcours artistique.

Y a-t-il un rêve ou un défi photographique que tu aimerais accomplir un jour ?

L’un de mes plus grands rêves est de pouvoir vivre pleinement de la photographie. J’aimerais pouvoir allier mon amour pour l’art de la photographie avec mon désir de voyager et de découvrir de nouvelles cultures. Chaque rencontre, chaque personne photographiée, est une occasion d’apprendre et de grandir. Pour moi, il n’y a pas de vie ordinaire. Chaque individu a une histoire unique à raconter, et je cherche à capturer cette singularité dans mes portraits. J’ai aussi l’ambition de publier un livre de photographies, une compilation d’images qui raconte les histoires humaines qui m’ont touchée. Ce projet serait un moyen de partager ces moments authentiques et précieux avec un plus grand nombre de personnes, tout en continuant à suivre ma passion.

Si cela vous a donné envie de découvrir plus de photos de Tatiana Mocchetti et de la suivre, rendez-vous sur ses comptes:

Mike Thailandee

Tombé sous le charme de la Thaïlande dès son premier voyage , Mike ne cesse de parcourir le pays dans tous les sens depuis 2009 pour découvrir, tester et partager ses infos, photos, conseils et bons plans qu'il partage sur Thailandee.com.

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