Manifestations en Thaïlande, malheureusement la violence…
Voilà, près d’un mois que l’opposition au gouvernement fait rage et occupe la rue à Bangkok suite au vote par le Parlement d’une loi d’amnistie très controversée soutenue par l’équipe gouvernante en place et son parti. Dans un tel climat, des affrontements étaient craints, ils ont malheureusement eu lieu hier, avec au moins un mort et 45 blessés.
Malgré la volonté des leaders à la fois des manifestants anti-gouvernement et des Chemises Rouges d’éviter toute violence et de mener des actions pacifiques, la tension qui est montée d’un cran cette semaine avec l’envahissement et l’occupation de plusieurs ministères et médias par les manifestants a connu son premier débordement. Son premier drame. Avec un mort, peut-être deux selon certaines sources; suite à une altercation entre Chemises Rouges et des étudiants de l’université Ramkhamhaeng toute proche du lieu de rassemblement des Red Shirts, le Stade Radjamangala. Etudiants qui soutiennent l’action qui vise à déloger Yingluck Shinawatra, la Premier Ministre thaïlandaise et son équipe.
Les violences ont fait suite à une altercation entre un garde de la sécurité des Chemises Rouges et un étudiant de Ramkhamhaeng qui a rapidement tournée au combat de rue pendant lequel des coups de feu ont été tirés dont deux qui ont mortellement touché un jeune homme de 21 ans. Les forces de l’ordre sont intervenues pour ramener le calme entre les près de 3000 personnes impliquées dans la bagarre. Alors que dans la soirée encore quelques coups de feu étaient entendus près de l’université.
Les manifestants anti-gouvernement maintiennent leur opération de prise de contrôle de la Gouvernement House, du quartier général de la police royale, de la police métropolitaine, du ministère de l’Education, du Dusit Zoo, du ministère du Travail, de l’Intérieur, du Commerce et des Affaires Etrangères. Lieux évidemment bien gardés par les forces de l’ordre. Bref, après une journée entachée de violences, hier, ce dimanche pourrait être la scène de nouveaux débordements. Il est donc plus recommandé que jamais d’éviter les environs des administrations précédemment citées, du Stade Radjamangala, de l’Université de Ramkhamhaeng et du Democraty monument.
Intelligemment, les leaders des Chemises Rouges ont appelé ce matin leurs partisans à se disperser et à mettre fin à leur rassemblement pour « éviter d’avoir d’autres victimes ». Reste à voir si ce mot d’ordre sera suivi et comment vont se passer les actions d’aujourd’hui des anti-gouvernements. Alors que la solution de dissoudre le Parlement n’est pour l’instant toujours envisagée qu’en dernier recours par un gouvernement qui devrait regagner une majorité par les urnes s’il en venait à prendre une telle décision. Dire que tout cela est parti d’une erreur politique majeure, pousser contre et vents et marées une loi d’amnistie allant contre la volonté du peuple et dont tout le monde annonçait qu’elle provoquerait un large mouvement contre elle.
Alors est-il dangereux de se rendre en Thaïlande en ce moment ? Pour Bangkok, il faudra attendre de voir comment les choses évoluent car il y a aujourd’hui un réel risque que la situation dégénère même si la fin du rassemblement des Chemises Rouges annoncée par son leader tout à l’heure est un pas vers l’apaisement. Pour le reste du pays, pas de souci particulier malgré l’occupation de certaines administrations par les manifestants dans quelques provinces. Mon sentiment est que pour aujourd’hui et les jours suivants, il est quand même préférable d’éviter de venir à Bangkok.