Loi d’amnistie en Thailande, la rue a gagné ?
La mobilisation montait depuis plusieurs jours et avec la pression sur un gouvernement dont le parti avait voté en faveur de la très controversée loi d’amnistie au parlement, il y a une semaine. Les Thaïlandais sont descendus dans la rue et ont fait plier Yingluck Shinawatra, ce jeudi soir, en Thaïlande.
La Première Ministre thaïlandaise est intervenue à la télévision pour appeler au clame et assurer que la loi n’irait pas plus loin. « Je veux que les manifestants mettent fin à la manifestation. Mon gouvernement est né des élections donc nous respectons la volonté du peuple », a-t-elle déclaré dans une allocution télévisée. « Les manifestations affectent l’économie et mettent à mal la confiance des investisseurs étrangers et les touristes n’oseront pas venir » a-t-elle poursuivi, car oui, le risque économique pour le pays était majeur et plus que la volonté de respecter la voix du peuple, c’est probablement la crainte de voir l’économie plonger si les manifestations se prolongeaient qui a amené la petite soeur de Thaksin à rendre les armes. « Nous pouvons résoudre la situation par des négociations. Je ne veux pas voir des manifestations qui s’éternisent parce que les lois d’amnistie ont été annulés [les 6 autres lois d’amnistie en préparation ont été retirées cet après-midi, celle sur laquelle porte le débat arrivera bien devant le Sénat] et le gouvernement ne résistera pas à la volonté du peuple » a-t-elle poursuivi devant les caméras.
Alors que le vote du Sénat a été avancé à demain et sauf coup de théâtre qui mettrait gravement en péril la stabilité du pays, devrait enterrer le texte. Le gouvernement s’engageant à ne pas le représenter au bout de 180 jours comme la Constitution le lui permet. Reste à voir si demain, le Sénat prendra la seule décision raisonnable qui s’offre à lui: rejeter la loi d’amnistie.
UPDATE 08 novembre 2013: alors que le Sénat n’a pas réussi à réunir le minimum de 75 présents pour pouvoir procéder au vote sur la loi, Meechai Ruchuphan exhorte le gouvernement à trouver une voie légale pour définitivement « tuer » la loi d’amnistie car même en cas de rejet par le Sénat, le peuple ne croit pas à l’engagement du gouvernement, hier, de ne pas représenter la loi 180 jours plus tard comme il pourrait légalement le faire. La mobilisation de la rue est plus forte que jamais.
Le texte voté par le parlement et qui devait passer devant le Sénat lundi prévoyait l’amnistie de toutes les personnes poursuivies depuis le coup d’État en Thaïlande de 2006, quel que soit leur camp. L’amnistie remontait même à 2004, ce qui aurait aussi amnistié les responsables du massacre de Tak Bai. La crainte principale qui a mobilisé contre cette loi était qu’elle ouvrait la porte à un retour de Thaksin Shinawatra, grand frère de Yingluck, la Première Ministre actuelle.