Une touriste française hospitalisée avec une grave infection après une chute dans un égout resté ouvert en Thaïlande
Article mis à jour le 22 juin 2023
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Le 20 mai dernier au soir, une touriste française de 34 ans a subi de graves blessures après être tombée dans une bouche d’égout de 2,50 mètres de profondeur à Ao Nang, dans la province de Krabi, dans le sud de la Thaïlande. Un incident qui remet en lumière la dangerosité des trottoirs en Thaïlande. D’autant plus qu’il fait suite à une histoire similaire impliquant un touriste américain à Pattaya une semaine plus tôt, ce qui soulève la question : les trottoirs thaïlandais sont-ils dangereux ?
La touriste, prénommée Mélissa, était arrivée en Thaïlande seulement trois jours avant ce malheureux accident. Après avoir visité le marché nocturne d’Ao Nang, elle a réservé un véhicule via l’application Grab (l’équivalent de UBER en Thaïlande) pour rentrer à son hôtel, le Poonsiri Resort Aonang. Cependant, son trajet a pris une tournure inattendue lorsque le chauffeur Grab s’est écarté de l’itinéraire et que Melissa lui en a fait la remarque. Le chauffeur s’est alors emporté et a annulé la course, lui intimant de sortir du véhicule.
Laissée seule sur le trottoir, la jeune française s’est retrouvée à 20 minutes de marche de son hôtel. Alors qu’elle approchait de sa destination, dans l’obscurité, le drame s’est produit. Environ 200 mètres avant d’atteindre son hôtel, elle est tombée dans une canalisation de 2,50 mètres de profondeur laissée béante sans aucune barrière de protection. Mélissa est restée dans l’eau sale et boueuse de l’égout pendant une vingtaine de minutes jusqu’à ce que des habitants l’en sortent. L’incident s’est produit vers 20h15.
Sa chute a entraîné de graves blessures, notamment une bouche en sang avec plusieurs dents cassées ou déchuassées et une profonde lacération à la jambe. Elle a été conduite à l’hôpital de Krabi pour recevoir des soins médicaux qui ne furent que superficiels, essentiellement des points de suture, sans qu’aucun effort ne soit fait pour nettoyer son corps poisseux ou lui fournir des vêtements propres, avant de la renvoyer à son hôtel.
Le lendemain, après une nuit à souffrir d’intenses douleurs, Melissa s’est rendue dans un autre hôpital, le Wattanapat Hospital, pour une meilleure prise en charge. Là, le personnel médical lui a découvert une infection préoccupante près de l’os de sa jambe entaillée. Après seulement une nuit, sa facture médicale accumulée avait déjà atteint le montant de 140.000 THB (plus de 3.750 €).
Pour obtenir de l’aide et des conseils, Melissa a posté ce qui lui est arrivé sur un groupe Facebook dédié aux conseils aux voyageurs francophones en Thaïlande. Des expatriés français du groupe lui ont rendu visite à l’hôpital et continuent de venir la voir régulièrement tandis qu’une membre du groupe l’a aidée à être bien prise en charge par son assurance. Une mobilisation a commencé pour essayer de l’aider mais pour qu’elle soit efficace, nous avons besoin que son histoire soit partagée le plus possible pour faire réagir les autorités locales.
Après avoir été alertée par l’administrateur du groupe Facebook où elle avait posté son message, la Police Touristique d’Ao Nang s’est rapidement rendue à l’hôpital pour rencontrer la touriste française accidentée. Les agents l’ont interrogé et sont allés inspecter la canalisation et faire le nécessaire pour qu’elle soit sécurisée. La préoccupation majeure du personnel médical concerne l’infection de la jambe qui a atteint l’os et continue de se propager malgré cinq jours de traitement.
Au 31 mai, le coût des soins hospitaliers a déjà atteint 461,252 THB (12.394 €) pris en charge apr son assurance mais la reconstruction de ses dents cassées et déchaussées, elle sera entièrement à sa charge, sa compagnie d’assurance ne couvrant pas les « soins esthétiques ». Et elle aura d’autres frais ou perte de revenus qui ne rentrent pas dans le cadre de sa couverture assurance.
Cet incident fait suite à un autre cas récent impliquant un touriste américain tombé dans une bouche d’égout non couverte à Pattaya le 12 mai dernier, soit huit jours avant l’accident de Melissa. Heureusement pour lui, contrairement à la touriste française, secouru après quatre heures piégé dans la canalisation, il n’a subi aucune blessure grave.
Mise à jour 2 juin 2023:
Malheureusement, jeudi, la plaie étant très gonflée, chaude avec beaucoup de pu, le staff médical a décidé d’une « procédure de débridement » en bloc opératoire pour bien nettoyer et repartir sur une basse plus saine et réduire le risque que l’infection ne se propage encore plus. Ce matin (2 juin), lendemain de la procédure, j’ai discuté avec la médecin qui s’est voulu plutôt rassurante et m’a expliqué que la plaie et l’infection ne sont pas si profonde et que l’os n’est en fait pas touché. Il y a toutefois une zone de la peau qui est en train de noircir et il faut surveiller ça de près et il faudra peut-être réopérer pour la retirer.
Lundi 29 juin des agents du Tourist Assistance Center sont venus la voir (c’est un autre organisme indépendant de la Police Touristique), le lendemain, ils sont revenus avec des employés d’une compagnie de construction qui doit être considéré comme responsable de cet égout laissé ouvert même si ça n’a jamais était clairement dit. Et le surlendemain, l’entreprise lui proposait un dédommagement de 20.000 THB (537 €) qui, comparé à ce qui lui arrive et à ses frais d’hôpital est une goutte d’eau.
Mise à jour 10 juin 2023:
Aujourd’hui, cela fait 3 semaines que Melissa est hospitalisée. Après avoir changé d’hôpital, il y a une semaine, elle a subi une 2ème puis une 3ème opération de sa jambe pour retirer tous les tissus nécrosés par l’infection et se retrouve avec un trou important dans la jambe. La bactérie qui l’infecte est assez résistante aux antibiotiques. Des tests sont faits en laboratoire pour voir lesquels font de l’effet. elle bénéficie aussi dans son nouvel hôpital, le Bangkok Hospital de Phuket, d’une machine VAC (Vacuum-Assisted Closure) , un appareil qui baisse la pression autour de la plaie et retire doucement le liquide de la plaie ce qui aide à nettoyer la plaie et à éliminer les bactéries.
C’est une course contre le montre de l’efficacité des antibiotiques et le travail de l’appareil VAC contre la progression de la bactérie. Pour l’instant, impossible de se prononcer sur qui prend l’avantage. On croise les doigts pour que la bactérie soit vaincue !
Mise à jour 19 juin 2023:
Enfin des bonnes nouvelles, la lutte contre l’infection de Mélissa étant « en bonne voie », elle a été rapatriée en France, le 19 juin (arrivée le 20 juin). Elle a pu retrouver sa famille et ses proches. Elle devra avoir des soins infirmiers 1 fois tous les 2 jours pour nettoyer sa plaie, des séances de kiné et poursuivre la prise de médicaments et antibiotiques pendant encore quelques jours. Il faut que la plaie ne se réinfecte pas et que les chairs enlevées se régénèrent. Tout ça prendra quelques semaines mais c’est sur la bonne voie !
Mélissa n’arrive toujours pas à obtenir un rapport de police officiel statuant que l’accident n’est pas de sa responsabilité. Ce document revêt une importance capitale pour étayer son cas en cas de complications ultérieures. Mais, on lui demande de venir déposer en personne au poste de police, ce qu’elle ne peut évidemment pas faire. On tente des démarches pour l’obtenir malgré tout mais pour l’instant sans succès.
P.S: Si vous êtes journaliste et avez besoin d’éléments supplémentaires (photos de ses blessures, dernière facture d’hôpital, ou coordonnées pour contacter Mélissa, envoyez-moi un message privé via la page Facebook de Thailandee.com).